Q ue serait devenue La Rochelle sans son Université ? Nul ne le sait. Mais 30 ans après, on peut mesurer la manière dont elle a façonné la ville, entraînant dans son sillage un rajeunissement de la population, de nouvelles constructions, l’afflux de matière grise et bien plus encore. Sa création a véritablement servi de moteur au développement démographique, économique et culturel du territoire, qui vivait alors une crise liée à la perte d’emplois industriels. Tout a commencé en mai 1991 avec la décision du gouvernement de créer sept nouvelles universités dans le cadre du plan national « Universités 2000 ». La Rochelle fait partie des heureuses élues. Le maire de l’époque, Michel Crépeau, aura pesé de tout son poids pour faire pencher la balance du côté maritime, quand Poitiers espérait se voir doter d’une deuxième Université sur le site du Futuroscope. Assurer la rentrée Dès 1992, une mission de préfiguration est constituée pour jeter les bases de la future organisation (lire le témoignage de Guy Wallet). Le décret de création tombe le 20 janvier 1993. Mais la chose la plus importante en ce début d’année est surtout d’assurer la rentrée de septembre, alors que tout est encore à construire. Seuls l’IUT et un premier cycle de droit délocalisé de Poitiers existaient à l’époque. De 1993 à mai 1998, l’Université fonctionne sous statut dérogatoire avec un administrateur provisoire. Ce n’est que dans le courant du premier semestre 1998 que son 1er président est élu en la personne de Christian Eskenazi. Onze ans plus tard, le 1er janvier 2009, elle sera l’une des premières universités françaises à accéder à l’autonomie. 16 LE DOSSIER Guy Wallet, ancien professeur de mathématiques de La Rochelle Université Tout était à construire, au sens propre comme au figuré « J’ai fait partie, en tant que professeur, de la mission chargée d’établir les fondations de l’université de La Rochelle. Ce groupe était composé d’une dizaine d’enseignantschercheurs et d’enseignants ainsi que de personnels administratifs. L’année 1992 fut pour moi sans doute la plus folle, à la fois la plus éprouvante et la plus enthousiasmante de toute ma carrière ! C’était formidable, tout était à construire au sens propre comme au figuré : bâtiments, maquettes pédagogiques, stratégie scientifique… Cependant, cette construction se faisait sur le sable de l’incertitude puisque la pérennité du projet n’était en rien assurée. Les premières années, rien n’était simple mais c’est aussi ce qui nous a portés collectivement vers une ambition commune. » © Guy Genty, collection Archives municipales de La Rochelle 22 mai 1992 : pose symbolique de la 1ère pierre de l’Université par François Mitterrand (Président de la République Française), Helmut Kohl (Chancelier de la République Fédérale d’Allemagne), Michel Crépeau (Député-Maire de La Rochelle), François Blaizot (Président du Conseil Général de la Charente-Maritime) et Jean-Pierre Raffarin (Président du Conseil Régional de Poitou-Charentes). Alors que La Rochelle subit de plein fouet la crise industrielle des années 80, la création d’une université porte en elle la promesse d’un avenir meilleur. Grâce à la volonté des élus municipaux et à l’enthousiasme de quelques pionniers, le projet s’est concrétisé à la rentrée 1993, avec l’accueil de 3 300 étudiants. Et l’Université fut…
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