Point Commun n°126 - juillet > septembre 2023

24 HISTOIRE COMMUNE Le métier est en lien direct avec la nature et ceux qui l’exercent se disent « paysans de la mer ». Ils produisent des moules, une denrée populaire, abordable, savoureuse. Les bouchots façonnent nos paysages côtiers et la mytiliculture occupe une place à part dans notre culture locale. Texte : Aline Valdier • Photos archives : Collection Archives municipales de La Rochelle. Pierre Meunié À la marinière, en éclade, en mouclade, à la crème, au pineau… il y a bien des façons d’apprécier les moules, produit de proximité par excellence de notre agglomération côtière ! La moule de bouchot est née ici, à Esnandes. La légende raconte qu’au Moyen Âge un irlandais, Patrick Walton, y fit naufrage. En quête de nourriture, il eut l’idée de tendre des filets accrochés à des poteaux enfoncés dans la vase de l’estran pour attraper des oiseaux marins. En fait, ce sont des petites moules qu’il vit se fixer là. Le bouchot était né, ce pieu de chêne toujours utilisé pour la culture des moules dites de bouchot pour les distinguer de celles dites de filières (ces dernières grandissent sur des champs de cordes installés plus au large). « Le bouchot est vraiment une spécialité française », précise Benoit Durivaud, éleveur de moules comme avant lui ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents. Ce type de lignée n’est pas rare ici, ni même le fait d’avoir des bouchots et des filières en plusieurs endroits des Pertuis Charentais, à Charron, Esnandes, Marsilly comme dans la baie d’Yves. Le village des Boucholeurs, à cheval sur Yves et Châtelaillon-Plage, doit justement son nom à la production de moules. Chef-de-Baie, port d’expédition Les pertuis charentais figurent au rang de grand bassin mytilicole français, avec pour spécificité d’être aussi un bassin de captage des naissains. De février à avril, les mytiliculteurs tendent sur l’estran des cordes en fibre de coco tressées pour capter les bébés moules. Il faudra plus tard enrouler ces cordes sur les bouchots ou les placer plus au large en filières, suivre la croissance des coquillages, éclaircir, récolter, recommencer. « Nous sommes des paysans de la mer et, comme ceux de la terre, nous sommes tributaires du temps, des conditions environnementales », explique Benoit Durivaud. Un travail que le mytiliculteur qualifie de physique, certes, mais non pénible. Un travail sur un produit que l’on peut difficilement imaginer plus local : les coquillages naissent, sont élevés, travaillés et commercialisés ici. Quelques professionnels ont choisi Chef-de-Baie pour amarrer leurs barges mytilicoles, la plupart le font à Charron mais expédient depuis le port rochelais d’où partent les trois quarts de la production du bassin, soit environ 6 000 tonnes de moules chaque année. Mytiliculture, une histoire

RkJQdWJsaXNoZXIy MTAyMTI=